Commentaire des principales tendances du Digital Learning en ce début 2017, avec Jérôme Bruet, VP de Talentsoft Learning. Ce n'est pas tant la ressource qui compte, toute proportion gardée, que la qualité et la pertinence du dispositif où elle s'inscrit. D'ailleurs, la primauté va au contenu… Rassurant pour les professionnels de formation, qui doivent néanmoins poursuivre leurs efforts pour s'approprier le Digital Learning.
Quelles tendances observez-vous pour le learning ?
Jérôme Bruet : Selon moi, deux tendances très claires sont en train d’émerger et de s’intensifier.
La première, c’est qu’on passe d’une pédagogie de ressource à une pédagogie du dispositif. L’enjeu n’est plus de rechercher la ressource magique qui forme le mieux : microlearning, serious game, classe virtuelle...L’enjeu c’est de savoir assembler ces modalités d’apprentissage entre elles tout en les combinant aux interactions humaines. Le grain est simple à trouver, c’est l’assemblage qui est compliqué et qui apporte la réelle valeur ajoutée à la formation. Un bon contenu dans un ensemble médiocre, ça ne sert à rien ! L’important c’est le cheminement d’apprentissage, supporté par le bon type de contenu et au bon moment.
La deuxième tendance, c’est la profonde modification des rythmes d’apprentissage. Traditionnellement, la formation a toujours été vue comme un acte intense et immersif. Particulièrement en formation continue, avec des sprints d’apprentissage de 1, 2 ou 3 jours, très exigeants et éprouvants. Aujourd’hui, la fréquence a remplacé l’intensité. Le digital permet l’abolition de certaines contraintes logistiques, même si le conditionnement intellectuel autour de la “journée de formation” comme unité de temps reste très fort.
Comment alors articuler le présentiel et le distanciel ?
Jérôme Bruet : Selon l’étude que Talentsoft Learning a publié cette année avec l’ISTF (Institut Supérieur des Technologies de la Formation), intitulée “Les chiffres 2017 du digital learning”, seuls 2% des formateurs pensent que le présentiel va disparaître. Le digital n’est pas là pour remplacer à proprement parler la formation traditionnelle. La meilleure formule de formation est désormais une formule hybride, alternant présentiel et digital. Le 100% digital n’est pas le salut de la formation car cela réduit considérablement le champ des possibles.
Il y a un exemple que j’aime bien utiliser, celui du Dr Miami. C’est un chirurgien américain qui filme en direct ses opérations sur Snapchat, et il est suivi par de nombreux étudiants en médecine à travers le monde entier. Ici le but n’est évidemment pas de remplacer la dizaine d’années d’études nécessaires pour devenir médecin, mais de compléter l’expérience pédagogique des étudiants. Il permet à tous ces apprentis de se former à la précision des gestes, de s’habituer à leur futur environnement de travail en conditions réelles etc. Mais il n’est pas là pour remplacer le contenu théorique des cours de fac ! Snapchat offre des possibilités que les cours traditionnels n’offrent pas, et vice versa.
Quels sont les facteurs d’engagement des apprenants ?
Jérôme Bruet : Selon la même étude que citée précédemment, il ressort systématiquement que le premier facteur d’engagement de l'apprenant dans une formation est la qualité du contenu brut. On constate que 77% de l’engagement vient d’éléments directement liés à la pédagogie : les autres facteurs prépondérants pour engager l’apprenant étant l’interactivité de la formation, la démarche pédagogique et la qualité du tutorat.
C’est donc bien toujours le contenu de la formation, et la façon dont elle est dispensée qui priment ! Mais il n’y a rien de nouveau là-dedans. L’élève que nous avons tous été accrochait plus avec certaines matières que d’autres, et avec certains professeurs que d’autres, parce que le contenu nous parlait plus, et la méthode pédagogique nous convenait. C’est exactement pareil pour la formation aujourd’hui. Encore une fois, ce n’est pas l’outil qui fait la formation.
Le digital learning est donc sur la bonne pente ?
Jérôme Bruet : Il y a une réelle prise de conscience, mais ce n’est pas gagné. Toujours d’après l’étude réalisée en commun avec l’ISTF, les formateurs peinent encore à percevoir tous les bénéfices à retirer d’un dispositif de formation mixte. Ils sont 58% à proposer des plans de formation mixte, contre 53% l’année dernière. C’est encore faible, mais on y arrive. Et 67% des organismes de formation ne proposent que du présentiel à leurs clients, le chantier est encore long ! Le digital learning permet à la fois de réduire les coûts, liés au transport tout en facilitant la démultiplication mais c’est aussi un formidable levier d’efficacité pédagogique qui rapproche les services formation des enjeux business de l’entreprise. C’est également le bon moyen pour moderniser l’entreprise et accompagner la transformation digitale.
Un dernier mot sur votre actualité récente ?
Jérôme Bruet : Comme nous l’avons annoncé à iLearning Forum fin janvier, e-doceo est officiellement devenu Talentsoft Learning, une business unit à part entière de Talentsoft. On va continuer à mutualiser les compétences et les synergies de nos équipes pour offrir la solution la plus complète du marché et créer l’un des leaders mondiaux du learning. Une belle aventure commence !
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